Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/337

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l’imposture & à la tyrannie l’empire funeste de l’opinion dont elles se servent avec succès en tout tems, en tous lieux, pour s’élever sur les ruines de la liberté, de la sureté, de la félicité publique. être vraiment pieux, c’est observer religieusement les loix saintes de la nature, & suivre fidèlement les devoirs qu’elle nous prescrit ; être pieux, c’est être humain, équitable, bienfaisant, c’est respecter les droits des hommes ; être pieux & sensé, c’est rejetter des rêveries qui pourroient faire méconnoître les conseils de la raison.

Ainsi quoi qu’en disent le fanatisme & l’imposture, celui qui nie l’existence d’un dieu, en voyant qu’elle n’a d’autre base que l’imagination allarmée ; celui qui rejette un dieu perpétuellement en contradiction avec lui-même ; celui qui bannit de son esprit & de son cœur un dieu continuellement aux prises avec la nature, la raison, le bien-être des hommes, celui, dis-je, qui se détrompe d’une si dangereuse chimere, peut être réputé pieux, honnête & vertueux, quand sa conduite ne s’écartera point des règles invariables que la nature & la raison lui prescrivent. De ce qu’un homme refuse d’admettre un dieu contradictoire, ainsi que les oracles obscurs qu’on débite en son nom, s’ensuit-il donc qu’un tel homme refuse de reconnoître les loix évidentes & démontrées d’une nature dont il dépend, dont il éprouve le pouvoir, dont les devoirs nécessaires l’obligent sous peine d’être puni dans ce monde ? Il est vrai que si la vertu consistoit par hazard dans un honteux renoncement à la raison, dans un fanatisme destructeur, dans des pratiques inutiles, l’athée ne peut point passer pour vertueux ; mais si la vertu consistoit à faire à la société tout le bien