ces productions extraordinaires qu’on rencontre à peine dans tout le genre humain, 81 qui, soppofant à tous les autres hommes, se révolte, non seulement contre la raison & la nature humaine, mais contre la Divinité même.”
Nous répondrons à toutes ces injures en disant que c’est au lecteur à juger si le systême de l’athéisme est aussi absurde que voudroient le faire croire ces profonds spéculateurs, perpétuellement en dispute sur les productions informes, contradictoires & bizarres de leur propre cerveau[1]. Il est vrai que peut-être jusqu’ici le systême du naturalisme n’avoit point encore été développé dans toute son étendue ; des personnes non prévenues seront au moins à portée de reconnoître si l’auteur a bien ou mal raisonné, s’il s’est dissimulé les plus importantes difficultés, s’il a été de mauvaise foi, si, comme les ennemis de la raison humaine, il a recours à des subterfuges, à des sophismes, à des distinctions subtiles, qui doivent toujours faire soupçonner ou que l’on ne connoit pas ou que l’on craint la vérité. C’est donc à la candeur, à la bonne foi, à la raison qu’il appartient de juger si les principes naturels qui viennent d’être rapprochés sont destitués de fondement ; c’est à ces juges intègres qu’un disciple de la nature soumet ses opinions ; il est en droit de récuser le jugement de l’enthousiasme, de l’ignorance présomptueuse, & de la fourberie intéressée. Les personnes accoutumées à penser trouveront du moins des raisons pour douter de tant de
- ↑ En voyant les théologiens accuser si souvent les athées d’être absurdes, on serait tenté de croire qu’ils n’ont aucune idée de ce que les athées ont à leur opposer : il est vrai qu’ils y ont mis bon ordre ; les prêtres disent et publient ce qu’ils veulent, tandis que leurs adversaires ne peuvent jamais se montrer.