Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/378

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de la pensée, afin de trouver dans les opinions de l’homme des motifs pour lui nuire, ne sont-ils pas des fourbes odieux & des perturbateurs du repos des esprits, que la religion honore & que la raison déteste ? Quels scélérats plus odieux aux yeux de l’humanité que ces infâmes inquisiteurs, qui, par l’aveuglement des princes, jouissent de l’avantage de juger leurs propres ennemis & de les livrer aux flammes ? Cependant la superstition des peuples les respecte & la faveur des rois les comble de bienfaits ! Enfin mille exemples ne nous prouvent-ils pas que la religion a par-tout produit & justifié les horreurs les plus étranges ? N’a-t-elle pas mille fois armé les mains des hommes de poignards homicides, déchaîné des passions bien plus terribles encore que celles qu’elle prétendoit contenir, brisé pour les mortels les nœuds les plus sacrés ? Sous prétexte de devoir, de foi, de piété, de zèle n’a-t-elle pas favorisé la cruauté, la cupidité, l’ambition, la tyrannie ? La cause de Dieu n’a-t-elle pas mille fois légitimé le meurtre, la perfidie, le parjure, la rébellion, le régicide ? Ces princes, qui souvent se sont faits les vengeurs du ciel & les licteurs de la religion, n’en ont-ils pas été cent fois les victimes déplorables ? En un mot, le nom de Dieu n’a-t-il pas été le signal des plus tristes folies & des attentats les plus affreux ? Les autels de tous les dieux n’ont-ils point par-tout nagé dans le sang ; & sous quelque forme que l’on ait montré la divinité, ne fut-elle pas en tout tems la cause ou le prétexte de la violation la plus insolente des droits de l’humanité ? [1]

  1. Il est bon de remarquer que la religion des chrétiens, qui se vante de donner aux hommes les idées les plus justes dé la divinité, qui toutes les fois qu’on l’accuse d’être turbulente et sanguinaire,