Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/379

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Jamais un Athée, tant qu’il jouira de son bon sens, ne se persuadera que de semblables actions puissent être justifiées, jamais il ne pourra croire que celui qui les commet puisse être un homme estimable ; il n’y a qu’un superstitieux à qui son aveuglement fait oublier les principes les plus évidens de la morale, de la nature, de la raison, qui puisse imaginer que les attentats les plus destructeurs sont des vertus. Si l’athée est un pervers, il sçait au moins qu’il fait mal ; ni ses prêtres ni son Dieu ne lui persuaderont pas qu’il fait bien, & quelques crimes qu’il se permette, ils ne pourront jamais excéder ceux que la superstition fait commettre sans scrupule à ceux qu’elle enivre de ses fureurs, ou à qui elle montre ces crimes mêmes comme des expiations & des actions méritoires.

Ainsi l’athée, quelque méchant qu’on le suppose, ne sera tout au plus que sur la même ligne que le dévôt que sa religion encourage souvent

    ne montre son Dieu que du côté de la bonté et de la miséricorde, qui se glorifie d’avoir enseigné la morale la plus pure, qui prétend, établir à jamais la concorde et la paix entre ceux qui la professent, a causé plus de divisions, de disputes, de guerres civiles et politiques, de crimes de toute espèce que toutes les autres religions du monde réunies. On nous dira, peut-être, que le progrès des lumières empêchera cette superstition de produire par la suite des effet aussi fâcheux que ceux qu’elle a produits autrefois : nous répondrons que le fanatisme sera toujours également dangereux, ou que la cause n’étant point ôtée, les effets seront toujours les mêmes. Ainsi tant que la superstition sera considérée et aura du pouvoir, il y aura des disputes, des parsécutions, des inquisitions, des regicides, des troubles, etc. Tant que les hommes seront assez insensés pour regarder la religion comme la chose ia plus importante pour eux, les ministres de la religion seront les maîtres de tout confondre sur la terre, sous prétexte des intérêts de la Divinité, qui ne seront jamais que leurs propres intérêts. L’Eglise chrétienne n’aurait qu’une façon de se laver des accusations qu’on lui fait d’être intolérante ou cruelle, ce serait de déclarer solemnellement qu’il n’est point permis de persécuter ou de nuire pour des opinions. Mais c’est ce que ses ministres ne diront jamais.