Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/382

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stitieux qu’il étoit, devint, dit-on, athée, en voyant que les dieux n’avoient point foudroyé un homme qui les avoit pris à témoin d’une fausseté. Sur ce principe que d’athées devroient se former parmi nous ! De ce qu’on a fait un être invisible & inconnu dépositaire des engagemens des hommes, nous ne voyons pas que leurs engagemens & leurs pactes les plus solemnels en soient plus solides pour cette vaine formalité. C’est vous sur-tout que j’en atteste, conducteurs des nations ! Ce dieu dont vous vous dites les images, dont vous prétendez tenir le droit de commander ; ce dieu que vous rendez si souvent le témoin de vos sermens, le garant de vos traités, ce dieu dont vous assurez que vous craignez les jugemens, vous en impose-t-il beaucoup, dès qu’il s’agit de l’intérêt le plus futile ? Observez-vous religieusement ces engagemens si sacrés que vous avez contractés avec vos alliés, avec vos sujets ? Princes ! Qui à tant de religion joignez souvent si peu de probité, je vois que la force de la vérité vous accable ; à cette demande vous rougissez, sans doute ; & vous êtes contraints d’avouer que vous vous jouez également & des dieux & des hommes. Que dis-je ! La religion elle-même ne vous dispense-t-elle pas souvent de vos sermens ? Ne vous prescrit-elle pas d’être perfides, de violer la foi jurée, quand il s’agit sur-tout de ses intérêts sacrés ; ne vous dispense-t-elle pas de garder vos engagemens avec ceux qu’elle condamne ? Après vous avoir rendus vous-mêmes & perfides & parjures, ne s’est-elle pas quelquefois arrogé le droit d’absoudre vos sujets des sermens qui les lioient à vous [1] ? Si nous

  1. C’est une maxime constamment reçue dans la religion catholique romaine, c’est-à-dire dans la secte du christianisme la plus