Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/381

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intempérant, chaste ou débauché ? Il ne s’agit pour nous que de sçavoir s’il a bien raisonné, si ses principes sont sûrs, si les parties de son systême sont liées, si son ouvrage renferme plus de vérités démontrées que d’idées hazardées. Jugeons de même les principes d’un athée ; s’ils sont étranges & inusités c’est une raison de les examiner avec plus de rigueur ; s’il a dit vrai, s’il a démontré, que l’on se rende à l’évidence ; s’il s’est trompé quelque part, que l’on distingue le vrai du faux, mais que l’on ne tombe point dans le préjugé trop commun qui pour une erreur dans les détails fait rejetter une foule de vérités incontestables. L’athée quand il se trompe a, sans doute, autant de droit de rejetter ses fautes sur la fragilité de sa nature que le superstitieux. Un athée peut avoir des vices & des défauts, il peut mal raisonner ; mais au moins ses erreurs n’auront jamais les conséquences des nouveautés religieuses, elles n’allumeront point comme elles le feu de la discorde au sein des nations ; l’auteur ne justifiera pas ses vices & ses égaremens par la religion ; il ne prétendra point à l’infaillibilité comme ces théologiens superbes qui attachent la sanction divine à leurs folies, & qui supposent que le ciel autorise les sophismes, les mensonges & les erreurs qu’ils se croient obligés de répandre sur la terre.

On nous dira peut-être que le refus de croire à la divinité rompt un des plus puissans liens de la société en faisant disparoître la sainteté des sermens. Je réponds que le parjure n’est point rare dans les nations les plus religieuses, ni dans les personnes qui se vantent d’être le plus convaincues de l’existence des dieux. Diagoras, de super-