Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/393

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toujours de mériter leurs suffrages, soit en les amusant, soit en piquant leur curiosité, soit en leur communiquant des découvertes qu’il croit utiles. Nul ouvrage ne peut être dangereux, sur-tout s’il contient des vérités. Il ne le seroit pas même s’il contenoit des principes évidemment contraires à l’expérience & au bon sens. Que résulteroit-il en effet d’un ouvrage qui nous diroit aujourd’hui que le soleil n’est point lumineux, que le parricide est légitime, que le vol est permis, que l’adultère n’est point un crime ? La moindre réflexion nous feroit sentir le faux de ces principes, & la race humaine toute entière réclameroit contre eux. On riroit de la folie de l’auteur, & bientôt son livre & son nom ne seroient connus que par leurs extravagances ridicules. Il n’y a que les folies religieuses qui soient pernicieuses aux mortels ; & pourquoi ? C’est que toujours l’autorité prétend les établir par violence, les faire passer pour des vérités, & punir avec rigueur ceux qui voudroient en rire ou les examiner. Si les hommes étoient plus raisonnables, ils regarderoient les opinions religieuses & les systêmes de la théologie des mêmes yeux que les systêmes de physique ou les problêmes de géométrie : ceux-ci ne troublent jamais le repos des sociétés, quoi qu’ils excitent quelquefois des disputes très vives entre quelques sçavans. Les querelles théologiques ne tireroient jamais à conséquence, si l’on parvenoit à faire sentir à ceux qui ont le pouvoir en main qu’ils ne doivent avoir que de l’indifférence & du mépris pour les disputes de personnages qui n’entendent point eux-mêmes les questions merveilleuses sur lesquelles ils ne cessent de disputer.

C’est du moins cette indifférence si juste, si