Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/398

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lités qu’on les orne, ne feront que multiplier les difficultés & faire pulluler des chimeres. Les observations les plus simples lui prouveront invinciblement que tout est nécessaire, que les effets qu’il apperçoit sont matériels, & ne peuvent par conséquent venir que de causes de même nature, quand même il ne pourroit à l’aide des sens remonter jusques à ces causes. Ainsi son esprit ne lui montrera par-tout que de la matière agissante tantôt d’une façon que ses organes lui permettent de suivre, tantôt d’une façon imperceptible pour lui : il verra tous les êtres suivre des loix constantes, toutes les combinaisons se former & se détruire, toutes les formes changer, & le grand tout demeurer toujours le même. Alors revenu des notions dont il s’étoit imbu, détrompé des idées erronées qu’il attachoit par habitude à des êtres de raison, il consentira d’ignorer ce que ses organes ne peuvent saisir ; il connoîtra que des termes obscurs & vuides de sens ne sont point propres à résoudre des difficultés ; & guidé par l’expérience il écartera toutes les hypothèses de l’imagination pour s’attacher à des réalités confirmées par l’expérience.

La plûpart de ceux qui étudient la nature ne la considérent souvent qu’avec les yeux du préjugé ; ils n’y trouvent que ce qu’ils ont d’avance résolu d’y trouver ; dès qu’ils apperçoivent des faits contraires à leurs idées, ils en détournent promptement leurs regards ; ils croient avoir mal vu ; ou bien s’ils y reviennent, c’est dans l’espoir de parvenir à les concilier avec les notions dont leur esprit est imbu. C’est ainsi que nous trouvons des physiciens enthousiastes à qui leurs préventions montrent, dans les choses mêmes qui contredisent le plus ouvertement leurs opinions,