Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/401

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rons la vérité ; elle ne se montre jamais ni à l’enthousiaste épris de ses rêveries ; ni au superstitieux nourri de mélancolie ; ni à l’homme vain gonflé de son ignorance présomptueuse ; ni à l’homme livré à la dissipation & aux plaisirs ; ni au raisonneur de mauvaise foi qui ne veut que se faire illusion à lui-même. Avec ces dispositions le physicien attentif, le géomètre, le moraliste, le politique, le théologien lui-même, quand ils chercheront sincérement la vérité, trouveront que la pierre angulaire qui sert de fondement à tous les systêmes religieux porte évidemment à faux. Le physicien trouvera dans la matière la cause suffisante de son existence, de ses mouvemens, de ses combinaisons, de ses façons d’agir toujours réglées par des loix générales incapables de varier. Le géomêtre calculera les forces de la matière, & sans sortir de la nature, il trouvera que pour expliquer ses phénomènes, il n’est pas besoin de recourir à un être ou à une force incommensurable avec toutes les forces connues. Le politique, instruit des vrais mobiles qui peuvent agir sur les esprits des nations, sentira qu’il n’est pas besoin de recourir à des mobiles imaginaires, tandis qu’il en est de réels pour agir sur les volontés des citoyens, & les déterminer à travailler au maintien de l’association ; il reconnoîtra qu’un mobile fictif n’est propre qu’à rallentir, ou même à troubler le jeu d’une machine aussi compliquée que la société. Celui qui sera plus épris de la vérité que des subtilités de la théologie, s’appercevra bientôt que cette science vaine n’est qu’un amas inintelligible de fausses hypothèses, de pétitions de principes, de sophismes, de cercles vicieux, de distinctions futiles, de subtilités captieuses, d’argumens de mauvaise foi, dont il ne peut résulter que des puérilités, ou des disputes