sans fin. Enfin tout homme qui aura des idées saines de morale, de vertu, de ce qui est utile à l’homme en société, soit pour se conserver lui-même, soit pour conserver le corps dont il est membre, reconnoitra que les mortels n’ont besoin pour découvrir leurs rapports & leurs devoirs que de consulter leur propre nature, & doivent bien se garder de les fonder sur un être contradictoire, ou de les emprunter d’un modèle qui ne feroit que de leur troubler l’esprit & les rendre incertains sur leur façon d’agir.
Ainsi tout penseur raisonnable, en renonçant à ses préjugés, peut sentir l’inutilité & le faux de tant de systêmes abstraits qui jusqu’ici n’ont servi qu’à confondre toutes les notions & à rendre douteuses les vérités les plus claires. En rentrant dans sa sphère, quittant les régions de l’empyrée, où son esprit ne peut que s’égarer ; en consultant la raison, tout homme découvrira ce qu’il a besoin de connoitre, & se détrompera des causes chimériques que l’enthousiasme, l’ignorance & le mensonge ont par-tout substituées aux causes véritables & aux mobiles réels qui agissent dans une nature dont l’esprit humain ne peut jamais sortir sans s’égarer & sans se rendre malheureux.
Les déicoles & leurs théologiens reprochent sans cesse à leurs adversaires leur goût pour le paradoxe ou pour le systême, tandis qu’eux-mêmes fondent toutes leurs idées sur des hypothèses imaginaires, & se font un principe de renoncer à l’expérience, de mépriser la nature, de ne tenir aucun compte du témoignage de leurs sens, de soumettre leur entendement au joug de l’autorité. Les disciples de la nature ne seroient-ils donc pas autorisés à leur dire, " nous n’assurons que ce