Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/404

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nos adversaires ? Ils imaginent pour expliquer les choses qui leur sont inconnues des êtres plus inconnus encore que les choses qu’ils veulent expliquer ; des êtres dont ils avouent eux-mêmes n’avoir nulle notion ! Ils renoncent donc aux vrais principes de la logique, qui consistent à procéder du plus connu au moins connu. Mais surquoi fondent-ils l’existence de ces êtres à l’aide desquels ils prétendent résoudre toutes les difficultés ? C’est sur l’ignorance universelle des hommes, sur leur inexpérience, sur leurs terreurs, sur leurs imaginations troublées, sur un prétendu sens intime qui n’est réellement que l’effet de l’ignorance, de la crainte, de l’inhabitude de réfléchir par eux-mêmes & de l’habitude de se laisser guider par l’autorité. C’est, ô théologiens sur des fondemens si ruineux que vous bâtissez l’édifice de votre doctrine. Après cela vous vous trouvez dans l’impossibilité de vous faire aucune idée précise de ces dieux qui servent de base à vos systêmes, de leurs attributs, de leur existence, de leur manière d’être dans le lieu, de leur façon d’agir. Ainsi, de votre aveu même, vous êtes dans une ignorance profonde des premiers élémens, qu’il est indispensable de connoître, d’une chose que vous constituez comme la cause de tout ce qui existe. Ainsi, sous quelque point de vue que l’on vous envisage, c’est vous qui bâtissez des systêmes en l’air, & vous êtes les plus absurdes de tous les systématiques ; car vous en rapportant à votre imagination pour créer une cause, cette cause devroit au moins répandre de la lumière sur tout ; c’est à cette condition qu’on en pourroit pardonner l’incompréhensibilité : mais cette cause peut-elle servir à expliquer quelque chose ? Nous fait-elle mieux con-