Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/403

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que nous voyons ; nous ne nous rendons qu’à l’évidence ; si nous avons un systême, il n’est fondé que sur des faits. Nous n’appercevons en nous-mêmes & partout que de la matière, & nous en concluons que la matière peut sentir & penser. Nous voyons dans l’univers tout s’exécuter par des loix méchaniques, par des propriétés, par des combinaisons, par des modifications de la matière, & nous ne cherchons pas d’autre explication aux phénomènes que la nature nous présente. Nous ne concevons qu’un monde seul & unique, où tout est enchaîné, où chaque effet est dû à une cause naturelle connue ou inconnue qui le produit suivant des loix nécessaires. Nous n’affirmons rien qui ne soit démontré, & que vous ne soyez forcés d’admettre comme nous : les principes dont nous partons sont clairs, sont évidens, ce sont des faits ; si quelque chose est obscure ou inintelligible pour nous, nous convenons de bonne foi de son obscurité, c’est-à-dire, des bornes de nos lumières, [1] mais nous n’imaginons aucune hypothèse pour l’expliquer, nous consentons à l’ignorer toujours, ou nous attendons que le tems, l’expérience, les progrès de l’esprit humain l’éclaircissent. Notre manière de philosopher n’est-elle pas la véritable ? En effet dans tout ce que nous avançons au sujet de la nature nous ne procédons que de la même manière que nos adversaires eux-mêmes procèdent dans toutes les autres sciences, telles que l’histoire naturelle, la physique, les mathématiques, la chymie, la morale, la politique. Nous nous renfermons scrupuleusement dans ce qui nous est connu par l’intermède de nos sens, les seuls instrumens que la nature nous ait donnés pour découvrir la vérité. Que sont

  1. Neſcire quaedam magna pars eſt ſapientia.