Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/419

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pacte avec l’erreur, dont les ſuites ne ſeront jamais que fatales aux mortels ; il ſçait que le bonheur du genre humain exige que l’on détruiſe de fond en comble l’édifice ténébreux & chancelant de la ſuperſtition, pour élever à la nature, à la paix, à la vertu le temple qui leur convient. Il ſçait que ce n’eſt qu’en extirpant juſqu’aux racines l’arbre empoiſonné qui depuis tant de ſiecles obombre l’univers, que les yeux des habitans du monde appercevront la lumiere propre à les éclairer, à les guider, à réchauffer leurs ames. Si ſes efforts ſont vains, s’il ne peut inſpirer du courage à des êtres trop accoutumés à trembler, il s’applaudira d’avoir oſé le tenter. Cependant il ne jugera point ſes efforts inutiles, s’il a pu faire un ſeul heureux ; ſi ſes principes ont porté le calme dans une ſeule ame honnête ; ſi ſes raiſonnemens ont raſſûré quelques cœurs vertueux. Il aura du moins l’avantage d’avoir banni de ſon eſprit des terreurs importunes pour le ſuperſtitieux ; d’avoir chaſſé de ſon cœur le fiel qui aigrit le zélé ; d’avoir mis ſous ſes pieds les chimeres dont le vulgaire eſt tourmenté. Ainſi échappé de la tempête, du haut de ſon rocher, il contemplera les orages que les Dieux excitent ſur la terre ; il préſentera une main ſecourable à ceux qui voudront l’accepter. Il les encouragera de la voix ; il les ſecondera de ſes vœux ; & dans la chaleur de ſon ame attendrie il s’écriera.

O nature ! Souveraine de tous les êtres ! Et vous ſes filles adorables, vertu, raiſon, vérité ! ſoyez à jamais nos ſeules Divinités ; c’eſt-à-vous que ſont dus l’encens & les hommages de la terre. Montre nous donc, ô nature ! Ce que l’homme doit faire pour obtenir le bonheur que tu lui fais