Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/420

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deſirer. Vertu ! Réchauffe le de ton feu bienfaiſant. Raiſon ! condui ſes pas incertains dans les routes de la vie. Vérité ! que ton flambeau l’éclaire. Réuniſſez, ô Déités ſecourables, votre pouvoir pour ſoumettre les cœurs. Banniſſez de nos eſprits l’erreur, la méchanceté, le trouble ; faites regner en leur place la ſcience, la bonté, la ſérénité. Que l’impoſture confondue n’oſe jamais ſe montrer. Fixez enfin nos yeux, ſi longtems éblouis ou aveuglés, ſur les objets que nous devons chercher. Ecartez pour toujours & ces phantômes hideux & ces chimeres ſéduiſantes qui ne ſervent qu’à nous égarer. Tirez-nous des abîmes où la ſuperstition nous plonge ; renverſez le fatal empire du preſtige & du menſonge ; arrachez-leur le pouvoir qu’ils ont uſurpé sur vous. Commandez ſans partage aux mortels ; rompez les chaînes qui les accablent ; déchirez le voile qui les couvre ; appaiſez les fureurs qui les enivrent ; briſez dans les mains ſanglantes de la Tyrannie le ſceptre dont elle les écraſe ; reléguez ces Dieux qui les affligent dans les régions imaginaires d’où la crainte les a fait ſortir. Inſpirez du courage à l’être intelligent ; donnez lui de l’énergie ; qu’il oſe enfin s’aimer, s’eſtimer, ſentir ſa dignité ; qu’il oſe s’affranchir, qu’il ſoit heureux & libre, qu’il ne ſoit jamais l’eſclave que de vos loix ; qu’il perfectionne ſon ſort ; qu’il chériſſe ſes ſemblables ; qu’il jouiſſe lui-même ; qu’il faſſe jouir les autres. Conſolez l’Enfant de la nature des maux que le Deſtin le force de ſubir par les plaiſirs que la ſageſſe lui permet de goûter ; qu’il apprenne à ſe ſoumettre à la néceſſité ; conduiſez le ſans allarmes au terme de tous les êtres ; apprenez lui qu’il n’eſt fait ni pour l’éviter ni pour le craindre.

FIN