Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/50

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se, quoique privé d’étendue ; il le fait immuable quoique capable de mouvoir la nature, & quoiqu’il le suppose l’auteur de tous les changemens qui se font dans la nature.

L’idée de l’unité de Dieu fut une suite de l’opinion que ce dieu étoit l’ame de l’univers : cependant elle ne put être que le fruit tardif des méditations humaines[1]. La vue des effets opposés & souvent contradictoires qui s’opéroient dans le monde dut persuader qu’il devoit y avoir un grand nombre de puissances ou de causes distinctes & indépendantes les unes des autres ; les hommes ne purent imaginer que les effets si divers qu’ils voyoient partissent d’une seule & même cause ; ils admirent donc plusieurs causes ou plusieurs dieux agissans sur des principes différens ; les uns furent regardés comme des puissances amies, les autres comme des puissances ennemies du genre-humain. Telle est l’origine du dogme si ancien & si universel qui suppose dans la nature deux principes ou deux puissances opposées d’intérêts, & perpétuellement en guerre, à l’aide desquelles on crut expliquer ce mêlange constant de biens & de maux, de prospérités & d’infortunes, en un mot ces vicissitudes auxquelles le genre-humain est sujet en ce monde. Voilà la force des combats que toute l’antiquité supposa entre des dieux bons & méchans, entre Osiris & Typhon ; Orosmade & Arimane ; Jupiter & les titans, Jehovah & Satan. Cependant pour leur propre

  1. L’idée de l’unité de Dieu, comme on sait, coûta la vie à Socrate. Les Athéniens traitèrent en Athée un homme qui ne croyait qu’un Dieu. Platon n’osa pas rompre entièrement avec le polythéisme, il conserva Venus, créatrice, Pattas, déesse du pays, un Jupiter tout puissant. Les chrétiens furent regardés comme des athées par les païens parce qu’ils n’adoraient qu’un seul Dieu.