Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/69

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s’obstine toujours à lui attribuer des qualités que l’esprit humain tenteroit vainement de concevoir ou de concilier. Selon elle un pur esprit est le moteur du monde matériel ; un être immense peut remplir l’espace sans en exclure pourtant la nature ; un être immuable est la cause des changemens continuels qui s’opèrent dans le monde ; un être tout puissant ne peut empêcher le mal qui lui déplait ; la source de l’ordre est forcée de permettre le désordre, en un mot les qualités merveilleuses du dieu théologique sont à chaque instant démenties.

Nous ne trouvons pas moins de contradictions & d’incompatibilités dans les perfections ou qualités humaines qu’on a cru devoir lui attribuer, pour que l’homme s’en fit une idée. Ces qualités, que l’on nous dit que Dieu posséde éminemment, se démentent à chaque instant. On nous assûre qu’il est bon ; la bonté est une qualité connue, vu qu’elle se rencontre dans quelques êtres de notre espèce ; nous désirons surtout la trouver dans ceux de qui nous dépendons ; on prétend que la bonté de Dieu se montre dans toutes ses œuvres ; cependant nous ne donnons le titre de bon qu’à ceux d’entre les hommes dont les actions ne produisent sur nous que des effets que nous approuvons ; le maître de la nature a-t-il donc cette bonté ? N’est-il pas l’auteur de toutes choses ? Dans ce cas ne sommes-nous pas forcés de lui attribuer également les douleurs de la goute, les ardeurs de la fiévre, les contagions, les famines, les guerres qui désolent l’espèce humaine ? Lorsque je suis en proie aux douleurs les plus aigues ; lorsque je languis dans l’indigence & les infirmités, lorsque je gémis sous l’oppression, où est la bonté de Dieu pour