Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/71

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tes semblables, que le feu les consume, que l’océan les engloutit, que ces élémens, dont tu admires l’ordre, les rendent les victimes de leurs affreux désordres ? Ne vois-tu pas que cette force, que tu appelles ton dieu que tu prétends ne travailler que pour toi, que tu supposes uniquement occupée de ton espèce, flattée de tes hommages, touchée de tes prières, ne peut être appellée bonne puisqu’elle agit nécessairement ? En effet, même dans tes idées, ce dieu est une cause universelle, qui doit songer au maintien du grand tout dont tu l’as si follement distingué ? Cet être n’est-il donc pas, selon toi-même le dieu de la nature, le dieu des mers, des fleuves, des montagnes, de ce globe, où tu n’occupes qu’une si petite place, de tous ces autres globes que tu vois rouler dans l’espace autour du soleil qui t’éclaire ? Cesse donc de t’obstiner à ne voir que toi seul dans la nature ; ne te flatte pas que le genre-humain, qui se renouvelle & disparoît comme les feuilles des arbres, puisse absorber tous les soins & la tendresse de l’agent universel, qui selon toi règle les destins de toutes choses.

Qu’est-ce que la race humaine comparée à la terre ? Qu’est-ce que cette terre comparée au soleil ? Qu’est-ce que notre soleil comparé à cette foule de soleils qui à des distances immenses remplissent la voûte du firmament, non pour réjouir tes regards, non pour exciter ton admiration, comme tu te l’imagines ; mais pour occuper la place que la nécessité leur assigne. ô homme foible & vain ! Remets-toi donc à ta place ; reconnois par-tout les effets de la nécessité ; reconnois dans tes biens & tes maux les différentes façons d’agir des êtres doués de propriétés diverses dont la na-