Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/90

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s’il n’est pas dans l’homme qui péche, ou s’il s’en retire au moment où il commet le péché. Ainsi de quelque façon que l’on regarde ce dieu, les qualités humaines qu’on lui assigne s’entredétruisent nécessairement, & ces mêmes qualités ne peuvent aucunement se combiner avec les attributs surnaturels que la théologie lui donnent.

A l’égard de la révélation prétendue des volontés de Dieu, loin d’être une preuve de sa bonté ou de sa tendresse pour les hommes, elle ne seroit qu’une preuve de sa malice. En effet toute révélation suppose que la divinité a pu laisser manquer le genre-humain pendant longtems de la connoissance des vérités les plus importantes à son bonheur. Cette révélation faite à un petit nombre d’hommes choisis annonceroit de plus dans cet être une partialité, une prédilection injuste, peu compatibles avec la bonté du père commun de la race humaine. Cette révélation nuiroit encore à l’immutabilité divine, puisque Dieu auroit permis dans un tems que les hommes ignorassent ses volontés, & qu’il auroit voulu dans un autre tems qu’ils en fussent instruits. Cela posé toute révélation est contraire aux notions qu’on nous donne de la justice, de la bonté d’un dieu qu’on nous dit immuable, & qui, sans avoir besoin de se révéler ou de se faire connoître par des miracles, pourroit instruire & convaincre les hommes, leur inspirer les idées qu’il désire, en un mot disposer de leurs esprits & de leurs cœurs. Que sera-ce si nous voulons examiner en détail toutes les prétendues révélations que l’on assûre avoir été faites aux mortels ! Nous y verrons que ce dieu n’y débite que des fables indignes d’un être sage ; n’y agit que d’une manière