Page:Holbach - Système de la nature, 1770, tome 2.djvu/91

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contraire aux notions naturelles de l’équité ; n’y annonce que des énigmes & des oracles impossibles à comprendre ; se peint lui-même sous des traits incompatibles avec ses perfections infinies ; exige des puérilités qui le dégradent aux yeux de la raison ; dérange l’ordre qu’il avoit établi dans la nature pour convaincre des créatures, à qui jamais il ne parvient à faire prendre les idées, les sentimens, la conduite qu’il voudroit leur inspirer. Enfin nous trouverons que Dieu ne s’est jamais manifesté que pour annoncer des mystères inexplicables, des dogmes inintelligibles, des pratiques ridicules ; pour jetter l’esprit humain dans la crainte, la défiance & la perplexité, & sur-tout pour fournir une source intarissable aux disputes des mortels[1].

On voit donc que les idées que la théologie nous donne de la divinité seront toujours confuses, incompatibles, & finiront nécessairement par nuire au repos des humains. Ces notions obscures & ces spéculations vagues seroient assez indifférentes, si les hommes ne regardoient comme importantes leurs rêveries sur l’être inconnu dont ils croient dépendre, & s’ils n’en tiroient des inductions pernicieuses pour eux-mêmes. Comme ils n’auront jamais de mesure commune & fixe pour juger de cet être, enfanté par des imaginations

  1. Il est évident que toute révélation qui n’est pas claire, ou qui enseigne des mystères, ne peut être l’ouvrage d’un être intelligent et sage : dès qu’il parle, on doit présumer que c’est pour être entendu de c« ux à qui1il veut se manii fester. Parler pour n’être point entendu, n’annonce que de la folie ou de la mauvaise foi. Il est donc très-démontré que tout ce que les prêtres ont appelé des mystères, sont des inventions, faites pour jeter un voile épais sur leurs propres contradictions et leur propre ignorance sur la divinité. Ils tranchèrent toutes les difficultés en disant, c’est un mystère. D’ailleurs leur intérêt voulut que les hommes n’entendissent rien à la science prétendue dont ils s’étaient faits 1j,s dépositaires.