Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les armes d’Apisaôn, il tendit son arc contre lui et il le perça d’une flèche à la cuisse droite. Le roseau se brisa, la cuisse s’engourdit, et l’Évaimônide, rentrant dans la foule de ses compagnons, afin d’éviter la mort, cria d’une voix haute afin d’être entendu des Danaens :

— Ô amis, chefs et princes des Argiens, arrêtez et retournez-vous. Éloignez la dernière heure d’Aias qui est accablé de traits, et qui, je pense, ne sortira pas vivant de la mêlée terrible. Serrez-vous donc autour d’Aias, le grand fils de Télamôn.

Eurypylos, blessé, parla ainsi ; mais ses compagnons se pressèrent autour de lui, le bouclier incliné et la lance en arrêt. Et Aias, les ayant rejoints, fit avec eux face à l’ennemi. Et ils combattirent de nouveau, tels que des flammes ardentes.

Mais les cavales du Nèlèide emportaient loin du combat, et couvertes d’écume, Nestôr, et Makhaôn, prince des peuples.

Et le divin Akhilleus aux pieds rapides les reconnut. Et, debout sur la poupe de sa vaste nef, il regardait le rude combat et la défaite lamentable. Et il appela son compagnon Patroklos. Celui-ci l’entendit et sortit de ses tentes, semblable à Arès. Et ce fut l’origine de son malheur. Et le brave fils de Ménoitios dit le premier :

— Pourquoi m’appelles-tu, Akhilleus ? Que veux-tu de moi ?

Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :

— Divin Ménoitiade, très-cher à mon âme, j’espère maintenant que les Akhaiens ne tarderont pas à tomber suppliants à mes genoux, car une intolérable nécessité les assiége. Va donc, Patroklos cher à Zeus, et demande à Nestôr quel est le guerrier blessé qu’il ramène du combat. Il ressemble à l’Asklèpiade Makhaôn, mais je n’ai point vu son visage, et les chevaux l’ont emporté rapidement.