Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/454

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plie le Kroniôn Idaien qui amasse les noires nuées et qui voit toute la terre d’Ilios. Demande-lui d’envoyer à ta droite celui des oiseaux qu’il aime le mieux, et dont la force est la plus grande ; et, le voyant de tes yeux, tu marcheras, rassuré, vers les nefs des cavaliers Danaens. Mais si Zeus qui tonne au loin ne t’envoie point ce signe, je ne te conseille point d’aller vers les nefs des Argiens, malgré ton désir.

Et Priamos semblable à un dieu, lui répondant, parla ainsi :

— Ô femme, je ne repousserai point ton conseil. Il est bon d’élever ses mains vers Zeus, afin qu’il ait pitié de nous.

Le vieillard parla ainsi, et il ordonna à une servante de verser une eau pure sur ses mains. Et la servante apporta le bassin et le vase. Et Priamos, s’étant lavé les mains, reçut la coupe de Hékabè ; et, priant, debout au milieu de la cour, il répandit le vin, regardant l’Ouranos et disant :

— Père Zeus, qui règnes sur l’Ida, très-glorieux, très-grand, accorde-moi de trouver grâce devant Akhilleus et de lui inspirer de la compassion. Envoie à ma droite celui de tous les oiseaux que tu aimes le mieux, et dont la force est la plus grande, afin que, le voyant de mes yeux, je marche, rassuré, vers les nefs des cavaliers Danaens.

Il parla ainsi en priant, et le sage Zeus l’entendit, et il envoya le plus véridique des oiseaux, l’aigle noir, le chasseur, celui qu’on nomme le tacheté. Autant s’ouvrent les portes de la demeure d’un homme riche, autant s’ouvraient ses deux ailes. Et il apparut, volant à droite au-dessus de la ville ; et tous se réjouirent de le voir, et leur cœur fût joyeux dans leurs poitrines.

Et le vieillard monta aussitôt sur le beau char, et il le poussa hors du vestibule et du portique sonore. Et les mu-