Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/461

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Dieux ni des hommes. Ainsi les dieux firent à Pèleus des dons illustres dès sa naissance, et plus que tous les autres hommes il fut comblé de félicités et de richesses, et il commanda aux Myrmidones, et, mortel, il fut uni à une déesse. Mais les dieux le frappèrent d’un mal : il fut privé d’une postérité héritière de sa puissance, et il n’engendra qu’un fils qui doit bientôt mourir et qui ne soignera point sa vieillesse ; car, loin de ma patrie, je reste devant Troiè, pour ton affliction et celle de tes enfants. Et toi-même, vieillard, nous avons appris que tu étais heureux autrefois, et que sur toute la terre qui va jusqu’à Lesbos de Makar, et, vers le nord, jusqu’à la Phrygiè et le large Hellespontos, tu étais illustre ô vieillard, par tes richesses et par tes enfants. Et voici que les dieux t’ont frappé d’une calamité, et, depuis la guerre et le carnage, des guerriers environnent ta ville. Sois ferme, et ne te lamente point dans ton cœur sur l’inévitable destinée. Tu ne feras point revivre ton fils par tes gémissements. Crains plutôt de subir d’autres maux.

Et le vieux et divin Priamos lui répondit :

— Ne me dis point de me reposer, ô nourrisson de Zeus, tant que Hektôr est couché sans sépulture devant tes tentes. Rends-le-moi promptement, afin je le voie de mes yeux, et reçois les présents nombreux que nous te portons. Puisses-tu en jouir et retourner dans la terre de ta patrie, puisque tu m’as laissé vivre et voir la lumière de Hélios.

Et Akhilleus aux pieds rapides, le regardant d’un œil sombre, lui répondit :

— Vieillard, ne m’irrite pas davantage. Je sais que je dois te rendre Hektôr. La mère qui m’a enfanté, la fille du Vieillard de la mer, m’a été envoyée par Zeus. Et je sais aussi, Priamos, et tu n’as pu me cacher, qu’un des dieux t’a conduit aux nefs rapides des Akhaiens. Aucun homme, bien que jeune et brave, n’eût osé venir jusqu’au camp. Il