Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/58

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des agneaux et il les jeta palpitants sur la terre et rendant l’âme, car l’airain leur avait enlevé la vie. Et tous, puisant le vin du kratère avec des coupes, ils le répandirent et prièrent les Dieux qui vivent toujours. Et les Troiens et les Akhaiens disaient :

― Zeus, très-glorieux, très-grand, et vous, Dieux immortels ! que la cervelle de celui qui violera le premier ce serment, et la cervelle de ses fils, soient répandues sur la terre comme ce vin, et que leurs femmes soient outragées par autrui !

Mais le Kroniôn ne les exauça point. Et le Dardanide Priamos parla et leur dit :

― Écoutez-moi, Troiens et Akhaiens aux belles knèmides. Je retourne vers la hauteur d’Ilios, car je ne saurais voir de mes yeux mon fils bien-aimé lutter contre Ménélaos cher à Arès. Zeus et les Dieux immortels savent seuls auquel des deux est réservée la mort.

Ayant ainsi parlé, le divin vieillard plaça les agneaux dans le char, y monta, et saisit les rênes. Et Antènôr, auprès de lui, entra dans le beau char, et ils retournèrent vers Ilios.

Et le Priamide Hektôr et le divin Odysseus mesurèrent l’arène d’abord, et remuèrent les sorts dans un casque, pour savoir qui lancerait le premier la pique d’airain. Et les peuples priaient et levaient les mains vers les Dieux, et les Troiens et les Akhaiens disaient :

― Père Zeus, qui commandes au haut de l’Ida, très-glorieux, très-grand ! que celui qui nous a causé tant de maux descende chez Aidès, et puissions-nous sceller une alliance et des traités inviolables !

Ils parlèrent ainsi, et le grand Hektôr au casque mouvant agita les sorts en détournant les yeux, et celui de Pâris sortit le premier. Et tous s’assirent en rangs, chacun auprès de ses chevaux agiles et de ses armes éclatantes. Et