Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/105

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Le regardoit : Et lors tres courroucée,
Luy deſcouvrit le fondz de ſa penſée
Doncques tu viens (Ô laſche malheureux)
De ce Combat, rude & avantureux ?
Que pleut aux Dieux qu’y fuſſes tu pery,
Occiz des mains de mon premier Mary.
Tu te ſouloys aultreſfois tant venter,
Qu’il n’oſeroit à toy ſe preſenter :
Tu le voulois vaincre legierement,
Et maintenant t’en fuys ſi laſchement.
Laiſſe le donc, & plus ne t’eſvertue
De l’aſſaillir, ſi ne veulx qu’il te tue.
    Ainſi diſoit la Grecque par courroux.
Mais Alexandre avec ung parler doulx,
Se parforcoit de l’appaiſer. M’amye
(Ce diſoit il) ne te courrouce mye,
Si le Gregeois (ſecouru de Minerve)
M’a ſurmonte, encores je reſerve,
Que quelque ſois par moy vaincu ſera :
Alors qu’ung Dieu me favoriſera.
Car je ne ſuis de leur faveur ſi loing,
Que je ny treuve ayde, à mon grand beſoing.
Or je te pry maintenant ma tres chere,
De me monſtrer plus agreable chere
Reſjouys toy, & couchons nous enſemble,
Car je ne fus (au moins comme il me ſemble)
Onc enflammé de ſi ardent deſir :
Non quand je vins premierement geſir
Avecques toy, dedans l’iſle Cranée.
    Apres ces motz, ſut la belle amenée