Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/104

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Il ne m’en chault : jamais dedans ſon lict
N’aura de moy compaignie ou delict.
Et à bon droiſt. Qu’en diroient les Troienes
Dames d’eſtat, & aultres Cytoienes ?
Trop ſe pourroient de moy mocquer & rire :
Dont j’en mourrois de faſcherie, & d’ire.
    Quand la Deeſſe entendit ſa parole,
Soubdainement & d’une chaulde cole,
Luy dit ainſi. Miſerable chetive,
Ne dy plus mot, & contre moy n’eſtrive,
À celle fin que ſi je me courrouſſe,
Trop rudement ne te chaſſe ou repouſſe.
Et que d’autant que t’ay eſté amye
D’autant ou plus, je ſoys ton ennemye,
En concitant par mes divins moyens,
Encontre toy, & Gregeois & Troienſ :
Qui (ſans eſpoir qu’on te peuſt ſecourir)
De male mort te facent toſt mourir.
    De ce courroux ſut la Belle eſtonnée.
Si ſe partit ſimplement attournée,
Couvrant ſa face avec ſa riche robe,
Et peu à peu de la tour ſe deſrobe,
Suyvant Venus, qui l’eut bien toſt conduicte
En ſon logis. Apres toute la ſuytte
S’en retourna, les unes à filler,
Aultres à tixtre, & pluſieurs à parler.
    Eſtans dedans la chambre bien parée,
Fut par Venus, la Chaire préparée,
Ou fut aſſiſe Heleine, vis à vis
De ſon eſpoux. Laquelle bien enuys