Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/109

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Tant & ſi bien, que la dorée Coupe,
De l’ung à l’aultre alloit parmy la troupe,
Ayans touſjours la veue & la penſée,
Sur la Cité du long Siege laſſée.
    Lors Iuppiter eſpris d’ardent deſir
De ſe mocquer de ſa Femme à plaiſir :
Pour l’irriter meit avant ung propos,
Qui la priva bien ſoubdain de repos.
    En ce combat (dict : il) qu’avez peu voir,
Dieux immortelz, je vous fais aſcavoir,
Qu’il ya deux Deeſſes qui ſoubſtienent
Menelaus, leſquelles ſe contienent
Preſentement en plaiſir & ſoulas,
Rians à part : C’eſt la forte Pallas,
Avec Iuno mais Venus gratieuſe,
D’aultre coſté eſt triſte & ſoucieuſe,
Pour ſon Paris, ayant faict grand effort
De le tirer du danger de la mort.
Bien cognoiſſant qu’il n’a force ne cueur
De reſiſter au Grec qui eſt vainqueur.
Or maintenant il convient adviſer,
Auquel des deux vouldrons favoriſer :
S’il ſera bon rengreger le diſcord
Entre les camps, ou les mectre d’accord.
Certainement une concorde ſtable,
Ne pourroit eſtre à tous deux que ſortable :
Car le Gregeois en recouvrant Heleine,
Delivreroit les ſiens de bien grand peine.
Puis la Cité de Priam, tant ventée,
Seroit touſjours de beau peuple habitée.
    Ce fainct parler les Deeſſes troubla
Trop vivement, dont leur ire doubla :