Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/110

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Pallas retint touteſfois ſon courroux,
Contre le Pere, & le porta tout doulx :
(Bien qu’elle fuſt enflambée, & deſpite
Tres grieſvement) Mais Iuno la ſubite
(Quoy qu’il en deuſt eſtre pour l’advenir)
Ne peut jamais ſa fureur contenir,
Et dict ainſi. Ô Mary trop moleſte,
D’ou vient cela, que ton vouloir conteſte
Contre le mien ? As tu quelque raiſon
D’uſer ainſi vers moy de Trahyſon ?
Vouldrois tu bien, la Sueur, les travaulx
Que j’ay ſouffertz, & mes divins Chevaulx,
Pour aſſembler tant de Souldardz en place,
Eſtre perduz, & de nulle efficace ?
As tu deſja trouvé quelques moyens,
Pour garantir Priam, & les Troiens ?
Or fais du tout ce que tu pourras faire :
Il adviendra touteſfois le contraire.
Moy, & les Dieux, ſi bien y entendrons,
Qu’il n’en ſera, que ce que nous vouldrons.
    Quand Iuppiter ce deſſus entendit,
Ung grand Souſpir de l’Eſtomach rendit :
Diſant ainſi. Malheureuſe Deeſſe,
Quel deſplaiſir, quel mal, quelle rudeſſe,
T’a faict Priam, & ſes Filz, que tu vueilles
Ainſi leur fin ? & ſans ceſſer te dueilles
Si tu ne vois la Troiene Cité,
Par les Gregeois, miſe en neceſſité ?
Certainement je croy que ſans la honte
Qui te retient, & ta Fureur ſurmonte,
Long temps ya que tu feuſſes en voye,
Pour t’en aller en la Cité de Troie :