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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/115

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Et pour garder qu’on ne peuſt deſcouvrir
Son entrepriſe, il ſe feit lors couvrir
À ſes Souldardz de leurs Boucliers, afin
Que le Gregeois, trop cauteleux & fin,
Ne ſ’adviſaſt, & l’eſmeute ſoudaine,
Ne luy rendiſt ſon entrepriſe vaine.
L’arc mis en poinct, de ſon carquois il jecte
Une ferrée & piquante Sagette,
Bien empennée, & toute convenable
À donner mort, cruelle & miſerable.
Deſſus la met, & puis ſes veux adreſſe
Au Dieu Phœbus, en luy faiſant promeſſe
De beaulx Aigneaux, ſ’il luy veult octroier,
Qu’il puiſſe bien la Sagette employer.
Le veu finy, ſon Arc de force tele
Il enfonca, qu’à la droicte mammelle
Mena la Corde, & quant & quant la poincte
De la Sagette eſtoit unie & joincte
Bien pres de l’arc. Puis comme bon archer
Soubdainement ſe meit à deſcocher :
Dont le fort nerf, & l’arc en deſlachant
Feirent ung bruyt merveilleux & trenchant
Les Dieux alors ne furent de toy loing
Menelaus, il t’en fut grand beſoing.
Meſmes Pallas aux armes furieuſe,
De ton ſalut ſe monſtra curieuſe.
Car tout ainſi que la Mere regarde
Son Petit Filz endormy, & le garde
Songneuſement, que l’ennuyeuſe Mouſche
La tendre chair du viſage ne touche :
De pareil ſoing Minerve deſtourna
Le traict mortel, qui touteſfois donna