Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/121

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    Mes bons amys, fleurs de toute la Grece,
N’oubliez pas voſtre force & proueſſe
À ce jourdhuy : Souviene vous auſſy,
Que Iuppiter n’aura point de mercy
Des faulx Troiens, qui ont injuſtement
Ainſi faulſé leur promeſſe, & ſerment.
Voicy le jour que nous ſerons vengez :
Et que leurs corps ſeront des Chiens mengez,
Et des Vaultours : leurs maiſons ruynées,
Leur bien pillé, Filz & Femmes menées
Dans noz vaiſſeaux puis comme triumphans,
Irons reveoir noz pays & Enſans.
    Ainſi diſoit le bon Roy ; Mais à ceulx
Qu’il cognoiſſoit à marcher pareſſeux,
Il les tancoit, & uſoit de menace.
Ô deſhoneur de la Gregeoiſe race,
(Ce diſoit il) tiendrez vous quelque compte
De voſtre honeur ? N’aurez vous point de honte
De demourer ainſi craintifz & mornes,
Comme les Cerfz chargez de grandes cornes :
Qui bien ſouvent mal menez & preſſez
Par les Veneurs, ſ’arreſtent court laſſez
Emmy les champs, & la ſurpris de crainte,
Sont attrapez : car leur force eſt eſtaincte.
Attendrez vous ſans plus avant marcher,
Iuſques à tant que verrez approcher
Les ennemyz, pour voz navires prendre,
Et vous meurdrir ? Penſez vous veoir deſcendre
Quelqu’ung des Dieux, pour de mort vous ſaulver,
Sans qu’il vous faille au Combat eſprouver ?
    Apres ces motz, paſſant oultre, il s arreſte
Droict en la place ou les Souldardz de Crete