Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

De ſon Bauldrier, & ſa Cuyraſſe forte
Le deſarma tout gentement : de ſorte
Qu’il veit à l’oeil, ſi la bleſſure entroit
En lieu mortel, & combien penetroit.
    Apres qu’il eut la playe regardée,
Oſté le ſang, nettoyée, ſondée,
Y appliqua oignementz de valeur,
Ayans vertu d’appaiſer la douleur.
Leſquelz jadis, le bon Chiron apprit
À Eſculape : & Machaon en prit
Autant de luy : puis de ceſte ſcience,
Souventeſfois feit vraye experience.
    Ce temps pendant, les Troiens ſ’accoutrerent
De leurs harnoys, & aux champs ſe monſtrerent
Pour batailler. Les Grecs d’aultre coſté,
(Trop irritez de ceſte cruaulté)
Furent ſoudain en ordre bien armez :
À ſe venger ardentz & animez.
    Lors ne fut veu Agamemnon dormir,
Ne ſ’en fouyr, ou par crainte bleſmir ;
Mais comme Chef, & Roy chevalereux
Voulant combatre, & la mourir comme eulx.
Si deſcendit du Chariot Royal :
Lequel laiſſa à ſon ſervant loyal
Eurymedon, luy commandant tenir
Ses Chevaulx preſtz, & apres luy venir
Pour remonter, ſ’il ſe trouvoit laſſé,
Quand il aurait parmy les Rencz paſſé.
    Tout à beau pied il regarde, il viſite,
Les Eſcadrons de ſon bel exercite.
Et ceulx qu’il voit marcher de bon viſages,
Il les conforte, & accroiſt leur courage.