Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/123

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Sur quoy le laiſſe, & vint droict rencontrer
Les deux Ajax ſe faiſans acouſtrer
De leurs harnoys. Leſquelz vue grand bande
De gens de pied, eſtenduz par la lande,
Suivoyent en ordre, & à les veoir uniz
De leurs Bouclers, & de beaulx Dardz muniz,
On euſt jugé de loinz eſtre une Nue
Pleine de greſle, ou de pluye menue :
Que le Berger voit arriver ſouvent
Devers la Mer pouſſée par le vent,
Dont tout craintif eſt contraint ſe cacher
Et ſes troupeaux, deſſoubz quelque Rocher.
    Adonc leur dict (voyant ceſte Cohorte)
La n’eſt beſoing qu’ores je vous enhorte
Mes Compaignons, vous eſtes diligens
Plus que nul aultre à ordonner voz gens.
Que pleuſt aux Dieux, qu’en ſi bel equipage,
Fuſt tout le reſte, & de pareil courage :
Noz ennemyz ſeroient toſt mis en fuyte,
Et leur Cité Sacagée & deſtruicte.
    Ces motz finiz, il paſſe plus avant,
Et vint trouver Neſtor le tres ſcavant,
Et bon Vieillard, qui mectoit ſoing & peine
À diſpoſer ſes Souldardz en la plaine.
Or avec luy avoit ce bon Neſtor,
Cinq vaillantz Ducz, Pelagon, Alaſtor,
Emon, Brias, & Chromius, pour mectre
Ses gens en ordre, & pour ne leur permettre
Son ordonnance en rien oultrepaſſer.
Premierement, il faiſoit avancer
Ses Chariotz au front, pour ſoubſtenir
Le plus grand faix, Apres faiſoit tenir