Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/126

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Ô Meneſthée, & de toy Vlyſſés ?
Avez vous peur ? Qu’eſt ce que vous penſez
Qu’attendez vous ? que n’eſtes vous premiers ?
En mes banquetz, vous eſtes couſtumiers
D’eſtre au plus hault, La chair la mieulx roſtie
Vous eſt touſjours à ſoubhait deſpartie.
Et ſi de boire aſſez quelque deſir,
Le vin ſouef on vous baille à plaiſir.
Or tant ſ’en fault, que vous monſtrez haſtiſz
À batailler, que faictes les reſtifz.
Et laiſſeriez voluntiers ſans bouger,
De vos amyz dix Bandes en danger.
    Le Grec ſubtil oyant ceſte parole
Fut tres dolent, & d’une chaulde cole
Le regardant de travers, reſpondit
Filz d’Atreus qu’eſt ce que tu as dict ?
Nous penſes tu ſi Laſches & Remiz,
Pour n’approcher des Troiens ennemys ?
Ne cauſe plus mais vien, ſ’il te plaict voir
Cil qui ſera au jourdhuy ſon devoir.
Et ſi le Pere au gent Telemachus
Enfondrera Cuyraſſes & Eſcus :
Donnant premier dans la Troiene preſſe,
Autant ou mieulx que nul Prince de Grece.
    Agamemnon cognoiſſant ſon courroux,
Luy repliqua avec ung parler doulx.
Illuſtre Roy, Filz au bon Laërtés,
Tes vaillans faictz ſont experimentez
De longue main, accuſer ne te veulx :
I’aurois grand tort, tu es trop valeureux.
Le bon conſeil de ton ame prudente,
Et ta Proueſſe eſt à tous euidente.