Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/127

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Appaiſe toy, ſans plus te ſouvenir
De mon parler, tout au temps advenir
S’amendera. Ce pendant je te prie,
Te monſtrer tel comme chaſcun te crie :
Et que les motz que je t’ay proferez,
Sont par trop vains, & inconſiderez.
    Diſant cecy, il le laiſſe & ſ’en va
Ung peu plus oultre, auquel endroit trouva
Diomedés le Prince magnanime,
Deſſus ſon Char : non qu’il feiſt aultre eſtime
De ſ’avancer, mais illec deviſoit
Avec celuy, qui le Char conduyſoit,
Dict Stenelus, le Filz de Capanée,
Ne penſant rien faire celle journée.
    Agamemnon voyant ſa contenance,
Tout rudement à luy dire l’avance.
Filz de Tidée, hélas & que crains tu ?
Attens tu point que l’on ayt combatu
Ung bien long temps ? veultx tu que l’on te face
Premierement, par les Troiens la trace ?
Las, ton feu Pere eſtoit bien plus hardy,
Rien ne craignoit, onc ne fut eſtourdy,
Pour gref danger ou mortele Rencontre :
Ains bien ſouvent alloit ſeul à l’encontre
Des Ennemys. Ie l’ay ouy compter
À pluſieurs gens, qui l’ont voulu hanter.
Onc ne le vey, bien qu’il ayt viſité
(Comme l’on dict) Micenés ma Cité.
Meſmes au temps qu’il demenoit la guerre
Aux fortz Thebains : il y vint lors requerre
Quelque ſecours avec Polynicés,
Pour refreſchir leurs Gendarmes laſſéz.