Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/131

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<poem> Ne diſans mot, eſcoutans leur harangue : Si qu’on euſt dict quil n’avoyent point de langue.     Mais les Troiens au contraire marchans, De leur grand bruy, rempliſſoyent tous les Champs. Et les voyant ainſi ſe preparer, On les pourrait droictement comparer, Aux beaulx troupeaulx, que le Berger aſſemble : Mectant Brebiz & Aigneaux tous enſemble Dedans le Parc de ſon maiſtre ou ſ’efforce Tirer le laict dicelles à grand force. Dont les Brebiz crians haultement beſlent, Et leurs Aigneaux deſirent & appellent : Faiſans grand bruyt. Semblable crierie, Feirent Troiens parmy la grand prairie, De divers ſons, & de motz incognuz, Comme ilz eſtoient de divers lieux venuz.     Les Grecs eſtoyent à combatre animez De par Minerve, Et Troiens enflammez Du cruel Mars : Terreur, Crainte, tenoient Pour tous les deux, & leurs faictz ordonnoient. Et qui plus eſt Contention, Compaigne Et Seur de Mars, ſe monſtroit en campaigne.     Ceſte Deeſſe encor qu’à ſa naiſſance Soit bien petite, & de peu de puiſſance : Touſjours ſe haulſe & jamais ne ſ’arreſte, Qu’elle ne touche au Ciel avec la teſte : Sans touteſfois bouger les piedz de Terre. Or eſtoit elle arrivée à grand erre Expreſſement, pour ſemer des Quereles, Noyſes, Debatz, Diſſentions morteles. <poem>