Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/130

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    Diomedés fut mal content d’entendre
Son compaignon ſi durement contendre
Et le reprint avec ſemblant plein d’ire
Parlant ainſi. Mais qui te meut de dire
Tous ces propoz ? Ne pourroit on ſe taire
Sans conteſter en ſi urgent affaire ?
Agamemnon n’a pas tort de ſe plaindre,
De ceulx qu’il voit à la Guerre ſe faindre :
Car tout ainſi qu’il aura grand honeur
Eſtant vainqueur, il auroit deſhoneur
D’eſtre vaincu, La gloire ou le meſchef
De ce Combat retourne ſur ſon chef.
Et quant a nous, il fault devant les hommes
Monſtrer de faict : quelz gendarmes nous ſommes.
    Diſant cela, il deſcend en ſurſaut
Du Chariot, & en faiſant le ſault,
Son beau harnois faict de riche facon,
S’entre frappant feit ſi horrible ſon,
Qu’il n’eſt Souldard tant remply de fierté,
Qui ne ſe fuſt ſur l’heure eſpoventé.
    Lors peult on veoir les Batailles rengées
Des fortz Gregeois par ordre dirigées,
S’entreſuyvir de pres, comme les Vndes
Dedans la Mer eſpeſſes & profondes,
Sont par les ventz pouſſées au rivage :
Non ſans grand bruyt, & dangereux Orage.
    Les conducteurs ne ceſſoient d’enhorter
Les bons Souldardz, & les admoneſter :
Leſquelz voulans à leurs chefz obeyr
Marchoyent touſjours ſans de rien ſ’eſbahyr :