Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/140

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Le preſerva, le couvrant d’une Nue
Ayant pitié de la deſconvenue
Du bon Darés, Lequel en grand triſteſſe
(Privé d’Enfans) eut finy ſa Vieilleſſe.
Voyant ainſi ceſte honteuſe fuyte,
Diomedés n’en feit aultre pourſuyte :
Tant ſeulement les beaux Chevaulx donna
À ung des ſiens, qui aux Nefz les mena.
    Quand les Troiens ces Freres apperceurent,
L’ung Deſconſit, l’aultre mort, ilz conceurent
En leurs eſpritz une peur merveilleuſe :
Ingeans pour eulx la Guerre perilleuſe.
Sur quoy Pallas du Dieu Mars ſ’approcha :
Et en la main doulcement le toucha,
Diſant ainſi. Ô Mars ſanguinolent,
Mars Furieux, Terrible, & Violent,
Qui demolis ainſi que bon te ſemble
Villes, Chaſteaux, & les hommes enſemble
Eſt il conclud, que toy & moy ſerons
Touſjours bandez, & que ne laiſſerons
Grecs & Troiens enſemble batailler,
Sans plus avant contendre, & travailler
Pour leur debat : afin qu’il ſoit notoire
Ou Iuppiter donnera la victoire ?
Quant eſt à moy, je Conſeille & adviſe,
Qu’il eſt meilleur laiſſer ceſte entrepriſe.
Allons nous en, & gardons d’irriter
Encontre nous L’ire de Iuppiter.
    Diſant ces motz la prudente Déeſſe
Le tira hors, peu à peu de la preſſe :
Et le mena repoſer au Rivage
De Scamander, ſoubz ung plaiſant vmbrage.