Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/149

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Ou ung mortel, auquel les Dieux aſſiſtent
Secretement : & pour luy ſeul reſiſtent,
En deſtournant les coupz à luy tranſmis.
Et qu’il ſoit vray, je penſois l’avoir mis
De ma Sagette au plus profond d’Enfer :
Mais je le voy au combat ſ’eſchauffer
Plus que devant. Et quant j’ay bien penſé,
Quelque grand Dieu eſt ores courrouſſé
Encontre moy, je n’ay rien qui me faille
Pour m’eſquipper, & renger en bataille :
Mes Chariotz fortz & reſplendiſſantz,
Et mes Chevaulx tant légers & puiſſantz,
Ne ſont icy ; Helas contre raiſon
Laiſſez les ay bien loing en ma maiſon.
Vnze j’en ay armez, & bien uniz
D’Orfeverie, & Brodure garniz :
Chaſcun ayant de meſme deux Chevaulx
Promptz & adroictz pour endurer travaulx,
Qui tous les jours mengent à Greſche pleine
De l’Orge blanc, du Seigle & de l’Aveine.
Le bon vieillard Lycaon au depart
Me conſeilla & dict qu’en ceſte epart
Ie les menaſſe, afin de faire entendre
Comme j’en ſcay aſſaillir ou defendre.
Si ne vouluz (dont me doibs eſbahyr)
Au bon conſeil du vieil Pere obeyr :
Tant ſeulement pour ce que j’avois craincte
(Voyant ainſi ceſte Cité contrainte)
Que mes Chevaulx n’euſſent la nourriture
Acouſtumée. Et par male adventure,
Men ſuis venu tout à pied, les laiſſant,
Me confiant de l’Arc rude & puiſſant,