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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/148

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Cerchant par tout, & demandant aux ſiens
De Pandarus le Duc des Liciens.
Si le trouva. Et lors de grand courage
Luy dict ainſi. Ô gentil perſonage,
Ou eſt ton Arc, & Sagettes poinſtues
Dont te ventois ? ſont elles point rompues ?
Ceſte grand gloire & louange eſclarcie,
Qui par ce Camp, & par toute Licie
T’a faict : priſer donnant aux Gregeois craincte,
Eſt elle point obſcurcie ou extaincte ?
Las, prens ton Arc, mectz deſſus la Sagette
La plus mortelle, & droictement la jecte
(Priant les Dieux, que ce ne ſoit en vain)
Contre ce Grec tant rude & inhumain :
Qui deſtruit tout, tout occiſt, & decoupe,
Mettant à mort les plus fortz de la troupe,
I’ay tres grand peur que ce ſoit quelque Dieu
Trop courrouſſé, deſcendu en ce lieu
Pour corriger noſtre faulte ou malice,
Eſtant frauldé du divin ſacrifice.
S’il eſt ainſi, porter le fault tout doulxt
Car des grands Dieux trop dur eſt le courroux.
    Noble Troien, à veoir ſa contenance,
(Dict Pandarus) ce Grec a la ſemblance
Du prudent Filz de Tidëuſ : il porte
Pareil Eſcu, Armet de meſme ſorte :
Ung grand Pannache, & ſes Chevaulx auſſi
Me ſont penſer, qu’il peult bien eſtre ainſi.
Ie n’oſerois touteſfois l’affermer
Certainement, ne mortel eſtimer
Celuy qui faict ſi valeureux faictz d’armes,
Ou c’eſt ung Dieu couvert d’humaines armes,