Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/157

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Dont ſon beau Tainct, jadis tant eſclarcy
La commencoit à ſe monſtrer noircy.
Surquoy Iris eſmeue de pitié
La vint ſaiſir, & par bonne amytié
La tire hors, & la porte en ung lieu
À main ſeneſtre, ou eſtoit Mars le Dieu
Qui regardoit par maniere d’eſbat
L’aſpre bataille, & le mortel combat :
Eſtant aſſis dans une Nue obſcure :
Aupres de luy ſa celeſte monture :
Se contenant ſur la Lance appuyé,
Comme ſ’il fuſt de travail ennuyé.
    Adonc Venus, ſe mettant à Genoux,
Luy dict ainſi : Ô Mars mon Frere doulx,
Que j’ayme tant, je te pry me preſter
Ton Chariot, afin de m’en monter
Deſlus l’Olympe & celeſte maiſon.
Ie ſens grand mal. Hélas en trahyſon
Diomedés cruel, & inhumain,
Trop rudement ma bleſlée en la main.
Et croy pour vray, qu’il en ſeroit autant
À Iuppiter, tant eſt Fort combatant.
    Mars accorda voluntiers ſa requeſte :
    Son chariot & ſes Chevaulx luy preſte :
Adonc monta. Et Iris print la bride,
Pour luy ſervir juſques au ciel de Guyde.
Soubdain ſ’en vont, ſoubdain tranſpercent l’air
Les bons Chevaulx deſirans de voler.
Finablement en ung brief moment d’heure,
Trouvent au ciel la celeſte demeure :
Leſquelz Iris promptement deſatele
Et les repaiſt de paſture immortele.