Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/164

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À ces Gregeois, & garder de Danger
Ceſte Cité, ſans que nul Eſtranger
Vint au ſecours ? Ou ſont tant de Parens,
Freres, Couſins, & aultres Adherens ?
Ie n’en voy nul, Certes ilz ſont fouyz,
Comme ſont Chiens, du Lion envahyz :
En te laiſſant en perilleux encombre,
Et nous auſſi, qui ſommes ſoubz ton vmbre
Icy vemiz, faiſans comme peux voir,
À batailler tout poſſible devoir.
Ie ne ſuis point Couſin, ou Citoien,
Ny aultrement ſubject : du Roy Troien :
Et ſi ne tiens au prés Terre, qu’il faille
Pour la ſaulver, qu’en rien je me travaille.
Venu je ſuis de Licie loingtaine,
Tiré d’amour de ta vertu haultaine :
Qui par tous lieux accroiſt ta Renommée.
La, j’ay laiſſe enfant, & femme aymée :
Pluſieurs treſors & richeſſes, qui ſont
Se delirer de ceulx qui ne les ont ;
Meſtant pour toy en danger ma perſone.
Et maintenant (dont trop ſort je m’eſtonne)
Encor que moy & les miens monſtrons face,
Ie voy les tiens habandonner la place,
Tu n’en dis mot, qui les devroys preſſer,
Voire forcer, de plus ne te laiſſer :
Leur propoſant les dangereux perilz,
Ou ſe verroient Femmes & leurs Mariz :
Leſquelz ſeroient Raviz & Attrapez,
Comme Animaulx, aux Retz envelopez :
Et ta Cité ſumptueuſe & inſigne
Soubdain pillée, & puis miſe en ruine.