Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/171

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Pour vous combatre : & ſ’il a bien l’audace
De vous venir chaſſer de ceſte place.
Il a touſjours ung Dieu qui l’acompaigne,
Et le conduict parmy ceſte Campaigne.
I’ay maintenant ſoubz humaine ſemblance
Recognu Mars, qui luy faict aſſiſtance.
Parquoy amyz je vous veulx adviſer,
Qu’il vauldra mieulx ung peu temporiſer,
Et ſans tourner aultrement le viſage
Se retirer, de crainte du dommage
Qui nous pourroit ſurvenir, irritant
Ces puiſſans Dieux, ainſi les combatant.
    Pendant cecy les Troiens l’approcherent,
Et les Gregeois ung petit deſmarcherent.
Hector jecta premierement ſes Dardz,
Dont il occiſt deux courageux Souldardſ :
Anchialus, & le fort Meneſthés,
Du Chariot bas en Terre portez.
    Le fort Ajax eut pitié de les voir
Ainſi tumber par quoy ſe va mouvoir,
Et feit voler ſa Lance tres poinctue
Sur Amphius, & de ce coup le tue :
Car le harnois ne le peut tant garder,
Qu’il ne luy vint droiſt le Ventre darder.
Ceſt Amphius eſtoit Filz de Selage,
Seigneur de Peſe, ayant grand heritage,
Venu de loing à Troie ſecourir
Le Roy Priam, ou luy convint mourir.
Eſtant tumbé, le ſort Ajax ſ’efforce
Luy deſpouiller ſes Armures à force :
Mais les Troiens tant de Traictz luy jecterent
En ſon Eſcu, que le corps luy oſterent.