Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Non pas ſoubdain, car par quelque moment
Les deux Chevaulx le traynoient rudement
Iuſques à tant qu’Antilochus les priſt,
Et les mena ainſi qu’il l’entrepriſt.
    Le preux Hector qui paſſoit d’adventure
En ceſt endroict, veid la deſconfiture
De ce bon Roy, dont il fut courroucé
Tres grievement : ſurquoy ſ’eſt advancé,
Criant ſi hault, que Troiens qui l’ouyrent,
De bon courage enſemble le ſuyvirent.
    Mars furieux, & Bellone la forte,
Marchoient devant la Troiene Cohorte.
Elles faiſoient ung bruyt eſpouventable,
Et Mars branſloit ſa Lance redoubtable,
N’abandonnant en aulcune maniere
Le Prince Hector : Ores eſtoit derriere,
Tantoſt devant : Bref c’eſtoit ung grand heur,
Avoir ung Dieu pour Guyde, & Directeur.
    Diomedés cognoiſſant Mars venir,
Eut grand frayeur, & ne ſe peut tenir
De reculer, comme l’homme eſtranger,
Qui deſirant paſſer & voyager
En loing Pays, advient ſi mal qu’il trouve
En ſon Chemin ung grand horrible Fleuve
Impétueux, eſcumant de roideur,
Dont il ſ’eſtonne, en voyant ſa grandeur :
Puis ſ’en retourne, empeſché de parfaire
Ce qu’il avoit déliberé de faire.
Ne plus ne moins feit le Gregeois puiſſant,
Qui reculades ſiens advertiſſant
Ô mes amyz ne prenez à merveille,
Dict il alors, ſi Hector ſ’appareille