Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/183

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Eſtans la prés, Mars ſoubdain eſbranla
Son javelot, mais point ne l’affola :
Tant ſeulement il paſſa comme une Vmbre
Deſſus le Col des Chevaulx ſans encombre :
Car la Deeſſe adviſée & bien ſaige,
Le deſtourna, en luy donnant paſſage
Deſſubz le Char, le guydant de ſa main.
    Diomedés ne rua pas en vain
Ainſi ſon Dard car il feit ouverture
Dedans le corps de Mars ſoubz la Ceincture,
Faulſant la Lame, & ſi profond luy entre,
Qu’il le ſentit au plus bas de ſon Ventre.
En ceſt endroict Pallas le coup guyda,
Et au Gregeois divinement aida :
Lequel ſceut bien dextrement y ouvrer,
Et quant & quant ſa Lance recouvrer.
    De ce grand coup, & Bleſſure notable,
Mars feit ung Cry autant eſpoventable,
Et plus hideux, que ne ſeroient dix mille
Vaillans Souldards aſſaillans une Ville,
Dont les Troiens & Gregeois attentifz,
Soubdainement devindrent tous craintifz.
Le triſte Dieu ſurpris de dueil & honte,
Aprés ce Cry deſſus l’Olympe monte :
Et ſ’en allant ſembloit l’eſpeſſe Nue,
Qui en temps clair peu à peu diminue
Par le doulx Vent, qui la faict departir,
Et la chaleur en ces bas lieux ſentir.
Eſtant venu en la maiſon Divine
(Faiſant piteuſe & bien dolente mine)
S’aſſeiſt au prés de Iuppiter, voulant
Monſtrer le ſang de ſa Playe coulant,