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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/184

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Puis dict ainſi. Pere tres redoubté
Ie ne ſcay pas ſi c’eſt ta volunté
De veoir ainſi les Deeſſes & Dieux
Se mutiner en debatz odieux,
Tant ſeulement pour la faveur des hommes,
Et non pour toy, de qui vrayz Subjetz ſommes.
Tu as conceu une Fille maulvaiſe,
Pernicieuſe, & qui n’eſt jamais aiſe,
Qu’elle ne face injure ou deſplaiſir
À l’ung de nous, ſ’il luy vient à plaiſir
Il n’y a Dieu tant ſoit fort & puiſſant,
Qui ne te ſoit en tout obeyſſant,
Sors ceſte cy, Oultrageuſe, Enragée,
Qui n’eſt jamais Punie ou Corrigée.
Elle a contraint ung Gregeois inhumain,
À ce jourdhuy de bleſſer en la Main
Venus ma Seur, & l’a faict advancer
Encontre moy, pour me nuyre & bleſſer,
Comme tu voys & ſans prendre la fuyte
Ma Deité eſtoit preſque deſtruite.
Car il m’euſt tant decoupé, & batu,
Et affoibly ma puiſſante Vertu,
Qu’ores je feuſſe entré les grans monceaulx
Des Troiens mortz, qu’il a mis à morceaux.
    Ainſi parla le Dieu Mars à ſon Pere,
Monſtrant au doy l’excés & vitupere
Par luy ſouffert. Auquel Iuppiter dict,
Ô variable, execrable, & mauldict,
Laiſſe tes plainctz, & ne raconte tant
De tes forfaiſtz, à ton Pere aſſiſtant.
Tu es le Dieu le plus malicieux
De tous les Dieux, qui repairent es Cieulx
Que j’ayme moins & non pas ſans raiſon,
Ton naturel eſt Noyſe, & Trahyſon.