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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/20

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Et puis charges de Troienne richeſſe,
Hors de danger aller reueoir la Grece :
Si onc pitié en vos cueurs trouua lieu,
Si bon vouloir de reuerer le Dieu,
Lequel ie ſers, & ſi foible vieilleſſe
Peult eſmouuoir vne franche nobleſſe :
Ie vous ſupply que ma triſte ſouffrance,
Gaigne enuers vous, que i’aye deliurance
De Chryſeis, ma fille bien aymée :
Prenans en gré (Ô princes de l’armée)
Pour ſa rancon, les beaulx dons que i’apporte.
    Son oraiſon fut receue, de ſorte,
Que tous les Grecs dirent communement,
Qu’on le debuoit traicter reueremment
La fille rendre, & les dons accepter.
    Agamemnon ſeul voulut conteſter :
Le cueur duquel bruſloit de l’ardent flamme
Du feu d’amour, pour la gentile dame.
Et non content d’ouyr telle requeſte,
Dit à Chryſés, crouſlant ſa fiere teſte.

Agamemnon reſpond à Chryſés, & le menace.

    Plus ne t’aduiene, Ô vieillard ennuyeux,

Que ie te trouue, attendant en ces lieux,
Ou reuenant : Car il ny aura ſceptre,
Sceptre Apollin, qui me garde de mettre
La main ſur toy. Ne penſe plus rauoir
Ta Chryſeis : car ie la veulx auoir
En ma maiſon de ton pais loingtaine,
Faiſant mon lict, & là filant ma laine :
Iuſques à tant que ſa beaulté faillie.
Sera vng iour par vieilleſſe aſſaillie.
Fuy t’en d’icy, garde de m’irriter
Doreſnauant par ton ſolliciter,