Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/21

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Et n’vſe plus de ſemblable oraiſon,
Si tu veux ſain, retrouuer ta maiſon.
    Le bon vieillard oyant tele menace,
Soudainement habandonna la place,
Et ſ’en alloit, celant ſon dueil amer.
En coſtoyant la riue de la mer.
Mais quand il veit bien auant ſa Galere,
Lors commenca deſcharger ſa colere,
Faiſant tout hault ſes prieres, & veux
À Apollo, le dieu aux beaulx cheueulx.

Oraiſon de Chryſés à Apollo.

    Entends mes crys Apollo, qui domines

Cylla, Chryſa, belles iſles diuines :
Entends mes plainctz Phœbus à l’arc d’argent,
De Tenedos & de Sminthe regent.
Si i’ay ſouuent ton temple coroné
De verd laurier, ſi i’ay enuironé
Ton ſainct autel de mainte digne hoſtie,
De thoreau gras, & de chieure roſtie :
Venge à preſent ſur les Grecs l’impropere,
Qu’ilz font ſouffrir à ce deſolé pere,
Ton ſeruiteur : & pour punir l’iniure,
Fay leur ſentir de tes traictz la poincture.

Apollo deſcend au camp, et leur donne la peſte.

    Ainſy prioit, & Phœbus l’entendit :

Puis tout ſoubdain en terre deſcendit,
Portant ſon arc, & ſa dorée trouſſe,
Qui reſona par l’horrible ſecouſſe
Qu’il donna lors, laiſſant ſa maiſon claire,
Tout tenebreux, & enclin à mal faire.
    Incontinent des vaiſſeaulx ſ’aprocha,
Et quant & quant ſur le camp deſcocha
Vne ſagette : & en la deſcochant
L’arc feit vng bruyt merueilleux, & trenchant.