Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/208

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Elle employoit ſon Eſprit & Couraige,
À leur monſtrer quelque ſubtil ouvraige.
    Adonc Hector, le voyant de la Porte,
(Tres courrouſſſé) parla de ceſte forte.
Ô malheureux, qui eſt ce qui te tient
Oyſis icy ? Quelle Ire te retient
En ta maiſon, Saichant par ton moyen,
Perir ainſi tout le peuple Troien,
Et la Cité, peu ſ’en fault eſtre priſe,
Qui a pour toy ceſte Guerre entrepriſe ?
Certainement tu prendrois bien l’Audace,
Voyant quelqu’ung habandonner la Place,
De l’accuſer. Touteſfois tu te caches
Preſentement comme le Chef des Laſches.
Va promptement va faire ton devoir :
Si tu ne veulx (ſans guere tarder) voir
Ceſte Cité ſurpriſe, & deſolée :
Et par le feu Grégeois ſoudain bruſlée.
    Le beau Paris, en ſe voyant tencer
Si rudement, reſpondit ſans penſer.
Ô frere Hector puis que l’intention
De ton courroux vient d’une affection
Bonne & honeſte, il te plaira m’entendre,
Et mon excuſe entres bonne part prendre.
Ce n’eſt Courroux, Offence, ne Rancune
Qui me detient : je n’en ay point aucune
Contre les miens. Ce n’eſt que mon malheur,
    Et pour cuyder appaiſer ma douleur
Avec le temps : Or la gentille Heleine
Que tu voys la, eſtoit ores en peine
De m’enhorter, avec ſes doulx Propoz
Les Armes prendre, & laiſſſer le Repos.