Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/210

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Or maintenant mon Frere noble, & cher,
Ie te ſupply d’entrer & t’approcher
En cette Chaire, Helas poure dolente,
Ie voy & ſens la peine violente,
Que tu ſoubſliens pour ces deux meſchans corps.
Auſquelz les Dieux (de noz forfaictz records)
Ont reſervé tres malheureuſe yſſue,
Qui en tous lieux ſera chantée, & ſceue.
    Au doulx parler d’Heleine reſpondit
Le preux Hecton Tout ce que tu m’as dict,
(Bien qu’il ne peult que d’amour proceder)
Ne me pourroit ores perſuader
Aulcun Sejour, j’ay bien choſe en ma Teſte
Qui me deffend que point je ne m’arreſte :
Mais que je voiſe au Camp, pour le Confort
Des bons Troiens, qui me deſirent fort.
Et quant à toy Dame, je te conſeille
Soliciter ceſtuy qu’il ſ’appareille
Pour me fuyuir. Il ſera ſagement,
Si de luy meſme il vient diligemment
Avecques moy :ou meprcnt au ſortir.
Car j’ay deſir, avant que de partir,
De viſiter ma maiſon, ma Famille,
Mon tres cher Filz, & ma Femme gentille,
Ie ne ſcay pas ſ’il ſera le plaiſir
Des Dieux haultains, me donner le loyſir
De les reveoir à l’aiſe quelque aultre heure :
Ou ſ’ilz vouldront qu’a ce jourdhuy je meure.
    Diſant ces motz, il adreſſe ſes pas
Vers ſon Logis : mais il n’y trouva pas
Andromacha la Princeſſe honorée.
Elle ſ’eſtoit en la Tour retirée