Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/257

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Le Bruict duquel vole juſques es Cieulx,
Pour ce qu’il eſt de fin Or précieux.
Diomedés auſſi eſtant Surpris,
Nous laiſſera ſa Cuyraſſe de pris,
Que Mulciber jadis voulut Forger.
Et cela faict, on verra deſloger
Toute la Nuict : ceſte Armée Gregeoiſe :
Mectans en Mer, leurs Nefz ſans faire Noiſe.
    Ainſi parla Hector, en ſe ventant,
Qui bien penſoit en povoir faire autant.
Surquoy Iuno (ſaichant en ſa penſée
Tout ce diſcours) fut ſi fort courrouſſée,
Qu’on veit ſoubdain, tout ſes Membres trembler
Par grand Deſpit : & l’Olympe branſler.
    Incontinent à Neptune ſ’adreſſe,
En luy diſant : N’as tu point de Triſteſſe,
Voyant les Grecs ſi durement ſouffrir,
Qui tous les jours ne ceſſent de t’offrir
Pluſieurs beaulx dons & digne Sacrifice,
En la Cité d’Egues ou en Hélice ?
Comment peulx tu eſtre ſans te douloir
De leur Malheur, veu l’extreme vouloir
Que ie t’ay veu favoriſant leurs droictz ?
Ô Neptunus certes quand tu vouldrois,
Et tous le Dieux qui portent leur Querele,
Les preſerver de ceſte Mort cruele,
Il ſeroit faict. Mon Mary Iuppiter
Auroit beau dire & beau ſe deſpiter,
Il n’ouſeroit touteſfois departir
Du mont Ida craignant ſ’en repentir.
    Lors Neptunus reſpond : Ô Téméraire
Ne penſe point que ie vueille deſplaire,