Filz d’Atreus, prince avaricieux,
Entreprenant, & trop ambitieux,
Ou penſeſ-tu que les Grecs treuvent don,
Pour te bailler maintenant en guerdon ?
Ne ſcaiſ-tu pas que la proye ſortie
De ceſte guerre, a eſté departie
Long temps y a ; Donc faudroit raſſembler
Tout le butin : ce qui pourroit troubler,
Et mutiner le peuple grandement.
Oſte cela de ton entendement :
Rends ta pucelle (obeiſſant aux Dieux)
Et tu auras quatre fois beaucoup mieux :
Si quelque jour Iuppiter nous octroye
De mettre à bas les murailles de Troye,
Agamemnon tout ſoudain reſpondit :
Ne penſe point avoir tant de credit
Ô Achillés encor’ que ta puiſſance
Te face eſgal aux Dieux en contenance.
Ne penſe point qu’à ton vueil j’obtempere,
Ne que j’endure un ſi grand vitupere.
Eſt-ce raiſon que chacun ait du bien,
Du beau pillage, & que je n’aye rien ?
Trouves tu bon que je rende la belle,
Sans recevoir aucun don, en lieu d’elle ?
Ie la rendray, puis qu’il eſt raiſonnable,
Mais propoſez, par moyen convenable,
De me pourveoir d’honneſte recompenſe :
Ou autrement, maulgre ta reſiſtence,
I’auray le tien, ſi condigne me ſembles
Ou cil d’Ajax, & d’Uliſſés enſemble :
Sans me chaloir, combien dolent ſera,
Qui ſon butin pour lors me laiſſera.
Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/26
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée